Mostrar mensagens com a etiqueta Baudelaire. Mostrar todas as mensagens
Mostrar mensagens com a etiqueta Baudelaire. Mostrar todas as mensagens

06 abril, 2008

O Desejo de Pintar


Desgraçado o homem, mas feliz o artista a quem o desejo dilacera. Anseio por pintar aquela que me apareceu de surdina e tão depressa fugiu, como algo belo qu com pena deixa para trás o viajante a mergulhar na noite. Há quanto tempo ela desapareceu!

Ela é bonita, é mais que bonita: ela é surpreendente. Nela o negro prevalece; e tudo o que ela inspira é nocturno e profundo. Os seus olhos são duas grutas onde cintila vagamente o mistério, e o seu olhar ilumina como o relâmpago; é uma explosão nas trevas.

Compará-la-ia a um sol negro, se pudéssemos conceber um astro negro derramando luz e felicidade. Mas ela faz pensar mais na lua, que sem dúvida a marcou com a sua temível influência; não a lua branca dos ídolos, que se parece com uma recém-casada, mas a lua sinistra e inebriante, suspensa lá no fundo duma noite tempestuosa e transtornada pelas nuvens qu correm; não a Lua sossegada e discreta que visita o sono dos homens puros, mas a Lua arrancada do céu, vencida e revoltada, que as feiticeiras tessálicas constrangem duramentea dançar sobre a erva terrificada!

No seu pequeno rosto habitam a vontade tenaz e o amor da presa. No entanto, por baixo dessa face inquietante, onde narinas móveis aspiram o desconhecido e o impossível, rebenta, com uma graça inexprimível, o riso de uma grande e deliciosa boca vermelha e branca, que faz sonhar com o milagre de uma soberba flor, nascida num terreno vulcânico.

Há mulheres que inspiram o desejo de vencer ou de as gozar; mas esta provoca o desejo de morrer lentamente sob o seu olhar.

Charles Baudelaire, Poemas em Prosa

05 janeiro, 2008

XX Le Masque

illustration de Ulrich Mertens


Statue allégorique dans le goût de la Renaissance
A Ernest Christophe, statuaire.



Contemplons ce trésor de grâces florentines;
Dans l'ondulation de ce corps musculeux
L'Elégance et la Force abondent, soeurs divines.
Cette femme, morceau vraiment miraculeux,
Divinement robuste, adorablement mince,
Est faite pour trôner sur des lits somptueux
Et charmer les loisirs d'un pontife ou d'un prince.


- Aussi, vois ce souris fin et voluptueux
Où la Fatuité promène son extase;
Ce long regard sournois, langoureux et moqueur;
Ce visage mignard, tout encadré de gaze,
Dont chaque trait nous dit avec un air vainqueur:
"La Volupté m'appelle et l'Amour me couronne!
"A cet être doué de tant de majesté
Vois quel charme excitant la gentillesse donne!
Approchons, et tournons autour de sa beauté.


O blasphème de l'art! ô surprise fatale!
La femme au corps divin, promettant le bonheur,
Par le haut se termine en monstre bicéphale!


- Mais non! ce n'est qu'un masque, un décor suborneur,
Ce visage éclairé d'une exquise grimace,
Et, regarde, voici, crispée atrocement,
La véritable tête, et la sincère face
Renversée à l'abri de la face qui ment
Pauvre grande beauté! le magnifique fleuve
De tes pleurs aboutit dans mon coeur soucieux
Ton mensonge m'enivre, et mon âme s'abreuve
Aux flots que la Douleur fait jaillir de tes yeux!


- Mais pourquoi pleure-t-elle? Elle, beauté parfaite,
Qui mettrait à ses pieds le genre humain vaincu,
Quel mal mystérieux ronge son flanc d'athlète?


- Elle pleure insensé, parce qu'elle a vécu!
Et parce qu'elle vit! Mais ce qu'elle déplore
Surtout, ce qui la fait frémir jusqu'aux genoux,
C'est que demain, hélas! il faudra vivre encore!
Demain. après-demain et toujours! - comme nous!



Baudelaire, Les Fleurs du Mal

Les Fleurs du Mal



AU LECTEUR


La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.


Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.


Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.


C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent!
Aux objets répugnants nous trouvons des appas;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.


Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.


Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.


Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encore brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas ! n'est pas assez hardie.


Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,


Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde!
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde;


C'est l'Ennui ! – l'œil chargé d'un pleur involontaire,
Il rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
– Hypocrite lecteur, – mon semblable, – mon frère !